Une oreille attentive

Existe-t-il encore une place pour les médecins généralistes dans le centre de Bruxelles, là où les soins de santé sont si nombreux ?

Dr Van Breusegem :

La médecine d’aujourd’hui est devenue très technique. La personne à soigner doit subir toutes sortes d’examens au cours desquels son corps est examiné et mesuré. Très souvent, le vrai problème est négligé.

Beaucoup de gens se plaignent de toutes sortes de troubles pour des raisons qui restent cachées et qui ne se voient pas sur une radiographie. À la fin du parcours, vous aurez avec votre médecin une conversation qui aurait dû se tenir au début. Le médecin peut éviter beaucoup de souffrances au patient en étant attentif aux problèmes réels.

Les trois premières minutes d’une consultation sont décisives. Probablement, quatre-vingts pour cent des souffrances des patients sont liées à des difficultés psychologiques ou une surcharge physique. Notre population active se heurte constamment à ses limites. Il est souvent difficile d’accepter nos limitations physiques, qui ne font qu’augmenter après un certain âge.

Il s’agit ensuite de regarder ce que le patient peut faire, ce qu’il sait bien faire. Une personne peut par exemple être bipolaire mais bien fonctionner dans un environnement artistique. Les patients disent souvent que personne ne leur a jamais dit de telles choses. Et nous avons par exemple également des patients qui étaient médecins dans leur pays de naissance mais qui ne peuvent pas trouver de travail ici.

Bruxelles est très diversifiée, les contrastes dans la ville sont grands. D’un côté, vous avez la rue Antoine Dansaert où vous pouvez acheter une paire de chaussures à 2 000 euros si vous en avez les moyens, tandis que deux rues plus loin, une mère célibataire avec trois enfants doit vivre du minimum.

Le monde entier se réunit dans notre salle d’attente : toutes les langues, croyances et couleurs. L’Eurocrate est assis à côté de la jeune mère sans ressources. Tous différents et tous égaux.