Une lueur d’espoir à l’horizon pour les consommateurs de substances
Dans son dernier livre, « Psychologica », le neuroscientifique Dean Burnett consacre un chapitre à la toxicomanie très enrichissant. Lors d’une interview, il nous en a confié davantage, nous sommes heureux de vous en faire un résumé.
L’origine d’une assuétude
Selon Burnett, une assuétude se développe profondément dans notre cerveau, notamment dans le circuit d’où provient la sensation de plaisir ou de récompense. Beaucoup de choses peuvent déclencher ce circuit et chez certaines personnes, cette réaction est trop forte. Ils ne parviennent pas à se priver de plaisir et font à chaque fois les mêmes choses qui mènent à une expérience agréable.
Ceci amène le cerveau à changer. La maîtrise de soi et la conscience de soi sont perturbées. Le consommateur de substances n’arrive plus à fonctionner normalement. Certaines choses, comme l’hygiène personnelle ou les finances, deviennent secondaires à leur dépendance.
La sensibilité à l’assuétude dépend d’une personne à l’autre. Une vie stressante ou malheureuse, l’éducation, le contexte, des événements intrusifs ou les gènes jouent un rôle important.
Se libérer d’une assuétude
Pour se débarrasser d’une assuétude, l’accepter est la première étape et également la plus importante. Sinon, rien ne changera. Il s’agit aussi de faire ce que l’on peut. Parfois, il est préférable de réduire la consommation de cigarettes que d’arrêter de fumer soudainement et complètement.
Dean Burnett conseille aux médecins généralistes d’être conscients de l’image stéréotypée. Jusqu’à récemment, la tendance ou la volonté de se comporter de manière criminelle était l’un des critères d’une dépendance. Selon Burnett, ceci n’a aucun sens, parce que cela signifierait que les consommateurs de substances pourraient être associés à des criminels. Or tout le monde peut être victime d’une dépendance, pas uniquement les criminels ni les marginaux.
Quoi qu’on en dise, il demeure difficile pour les médecins généralistes d’aider un consommateur de substances lors une consultation d’à peine 30 minutes. Surtout si cette personne se trouve encore dans le déni.
Évolution de l’approche et de la consommation
Entre-temps, nous savons que l’assuétude signifie bien plus qu’une simple consommation : le contexte est également important. Le cerveau associe le plaisir de la drogue au rituel de son ingestion et le toxicomane aime aussi ce rituel. C’est ce dont les soignants doivent tenir compte lors du traitement, soutient Burnett.
Le scientifique remarque une augmentation du nombre de dépendances à l’alcool. L’alcool est la drogue la plus disponible, sa consommation est socialement acceptée et même encouragée. Pourtant, la drogue la plus importante demeure la dépendance aux substances non chimiques, comme la dépendance au jeu ou au pari.
En raison de la pandémie de Covid-19, le nombre de dépendances a augmenté. Comme par exemple, l’automédication en tant que remède contre le stress du confinement. Les gens boivent également plus d’alcool ou fument un joint s’ils ne se sentent pas bien. Néanmoins ceci ne mène pas nécessairement à une dépendance.
Plus de compréhension
Parce que le terme « toxicomanie » renforcerait la stigmatisation, les médecins utilisent désormais le mot « dépendance ». Ce terme ne signifie cependant pas la même chose que la « toxicomanie », qui indique qu’on éprouve un réel besoin de la substance pour fonctionner.
La société considère encore toujours les consommateurs de substances comme étant des personnes qui ont fait un mauvais choix ; c’est donc de votre faute si vous souffrez d’une dépendance. Mais l’assuétude n’est pas un choix. Tout doucement, on fait preuve de plus de compréhension et on prend de plus en plus conscience du fait que l’assuétude est une maladie grave. Il y a une lueur d’espoir à l’horizon !
Cet article est le résumé d’une interview par Karolien Selhorst
Dean Burnett – Photo par Sarah Breeze
Vous trouverez plus d’informations sur Dean Burnett sur : www.deanburnett.com